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le 17 janvier 2024 |
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Christiane PhilipponSommaire : Le récit de cette nuit tragique Un itinéraire, une fidélité Les obsèques Célébrations Anniversaire de la mort de Christiane Témoignages Sœur Christiane nous a quittés brusquement et brutalement dans la nuit du 25 au 26 décembre 2004, sur la route entre Guélengdeng et N’Djaména. Elle était en route pour l’assemblée annuelle des sœurs NDA de la région du Tchad, dont elle était responsable, avec les sœurs Margherita Alberti, Yvonne Boisseau et Monique Soubeiga. Le récit de cette nuit tragiqueSr Eileen Cummins, Supérieure Générale
Un itinéraire, une fidélitéNée le Née le 21 mars 1946 à Saint Privat d’Allier, petit village de la Haute-Loire, Christiane est toujours restée très attachée à sa terre natale qu’elle aimait beaucoup. Entrée dans l’Institut le 10 novembre 1969, elle fait son temps de postulat à Feyzin. Cette période terminée, il lui est proposé de faire son stage apostolique au Tchad et c’est ainsi que le 10 septembre 1970, elle s’envole pour N’DJAMENA (à cette époque FORT- LAMY) où elle est affectée à l’école du Béguinage pour une année scolaire. Rentrée à Lyon, elle accomplit son temps de noviciat et prononce son premier engagement le 4 novembre 1972. Après avoir préparé et obtenu un B.T.S. agricole, Christiane est prête à partir en Mission et en 1976, elle retourne au Tchad à Bousso, un gros bourg au bord du Chari. Animatrice rurale jusqu’en 1983, Christiane aime aller en brousse rencontrer les paysans. Elle leur donne quelques conseils, ramasse avec eux le coton dans les champs. "Je la vois encore prendre de la terre dans ses mains et leur confirmer qu’ils avaient fait du bon travail." (SÅ“ur Odile Hermann). Elle se consacre à la formation des femmes et des jeunes filles," les aidant à se tenir debout et à prendre leurs responsabilités, en vivant avec elles au quotidien et en les encourageant à plus d’autonomie. Elle a toujours soutenu les plus petits, les plus démunis…" (Sr Odile Hermann) Riche de son expérience vécue avant son entrée en NDA, notamment au M.R.J.C., elle a de très bons contacts avec les jeunes du Tchad et participe activement à la catéchèse, l’animation des Mouvements d’Action Catholique etc. En 1979, Christiane s’engage définitivement dans l’Institut. Cet engagement, à Chanteuges en Haute-Loire donne lieu à une grande fête missionnaire. En septembre 1983, elle est rappelée à Lyon pour l’Animation Missionnaire. Faire connaître le vrai visage de l’Afrique, ses problèmes, ses chances, ses jeunes Églises dynamiques et pleines d’espérance : Christiane se donne pleinement à cette mission dans les écoles, collèges, lycées, paroisses. Pour elle, c’est encore et toujours la "Mission !" En septembre 1986, Christiane retrouve avec bonheur le Tchad et Bousso où elle travaille toujours activement et avec compétence à la promotion féminine. En 1991, elle rejoint N’Djamena car elle a accepté la charge de responsable régionale des sÅ“urs N.D.A. du Tchad. Nouveau départ en 1994, pour la Côte d’Ivoire cette fois. Nommée Conseillère provinciale de la province d’Afrique francophone, elle réside à Abidjan, mais voyage fréquemment dans les différentes " régions" de la province où sont implantées les Communautés NDA Après ce service de Congrégation, et une année sabbatique bien méritée à Sainte Foy, Christiane, avec beaucoup de joie, retrouve en septembre 2000, le Tchad si cher à son cÅ“ur. Affectée à la communauté de Sarh, elle accepte à nouveau en 2004, avec générosité, la responsabilité de Régionale. Pour Christiane, être au service de ses SÅ“urs, c’est encore servir la Mission. Efficace, car ses compétences étaient nombreuses, surtout dans le monde féminin, ouverte et pleine d’espérance, elle avait les pieds sur terre, disait-on d’elle avec un peu d’humour ! Joyeuse et dynamique – n’entendons-nous pas encore ses grands éclats de rire si communicatifs - elle savait mettre partout où elle se trouvait une ambiance fraternelle et pleine d ’entrain. Christiane, une femme de foi, une femme de Dieu, profondément heureuse de servir le Seigneur au Tchad, de se donner avec courage et humilité pour le service de l’Évangile. "Christiane, tu es vraiment une Tchadienne, tu manges de tout, comme nous, avec simplicité, tu peux rester plusieurs jours dans un village sans te plaindre de quoi que ce soit. Une de tes sÅ“urs tchadiennes "Toutes tes SÅ“urs de la Région gardent dans le cÅ“ur ton témoignage de femme debout, fidèle jusqu’au bout." Engagement définitif le 22 juillet 1979 à Chanteuges- Haute Loire " Je Te rends grâce et je Te prie avant tout pour mes parents, ma famille qui, jour après jour, m’ont appris à aimer, à prier, à accueillir et à donner. Je Te remercie aussi pour tous les jeunes rencontrés, spécialement dans les équipes M.R.J.C. Ensemble, nous avons essayé de faire passer Ton Évangile dans nos vies de jeunes ruraux…Toi seul, Seigneur, connais les cÅ“urs. Je Te rends grâce pour la richesse de ces rencontres, pour tout ce que chacun de nous a reçu ou généreusement donné. Je Te rends grâce pour moi - même, car c’est là qu’est née ma vocation religieuse et missionnaire. Près de Toi, Seigneur, je ne peux oublier le peuple tchadien qui porte cruellement sa croix. Ce peuple très divers par ses mentalités et ses croyances, mais si proche de Toi. Merci, Seigneur pour tout ce que j’ai reçu de lui et qui m’a rapprochée de Toi. Je Te prie intensément : donne-lui de retrouver la Paix, donne - lui de Te connaître davantage. Et je Te fais cette prière pour moi : donne-moi Ton Esprit Saint. Que là où Tu m’envoies, Tu me trouves toujours prête à dire comme Samuel : " Parle, Seigneur, car ta servante écoute."
Les obsèquesLe 30 décembre 2005, un grand nombre de prêtres, religieux, religieuses, chrétiens s’étaient rassemblés dans la cour de la communauté de Chagoua pour une longue veillée de prière. Le lendemain, le corps de Christiane a été mis en bière et transporté à la chapelle des sÅ“urs de Chagoua, où il est resté exposé jusqu’à l’heure des funérailles. À 14 heures, un long cortège de voitures s’est dirigé vers l’église Saint Paul de Kabalaye à N’Djaména, où les obsèques ont été célébrées. Les funérailles de Christiane ont été célébrées en présence d’une foule immense venue de N’Djaména, de Sarh, des religieux et religieuses, de l’ambassadeur de France et de son épouse, des consuls de France et d’Italie. Nos trois sÅ“urs blessées étaient présentes. La veille étaient arrivées Sr Eileen Cummins, Sr Marie-Claire Charles, supérieure provinciale de France, Sr Victoria Zirra, membre du Conseil provincial du Nigéria, ainsi que Monique et Roland, la sÅ“ur et le frère de Christiane. Sr Denise Bang’na, provinciale d’Afrique francophone, était également présente, puisqu’en visite au Tchad à ce moment. Les funérailles ont été présidées par Mgr Mathias N’Garteri, archevêque de Ndjaména, et Mgr Edmond Djitangar, évêque de Sarh. Une quarantaine de prêtres concélébraient. La cérémonie a été très digne et très priante. Malgré la profondeur de nos « pourquoi » et de notre peine, d’un même cÅ“ur, nous avons rendu grâces à Dieu pour la VIE de Christiane, une vie entièrement donnée au service de l’Évangile, pour l’Afrique, pour le Tchad. Dans son homélie, Mgr N’Garteri a commenté l’évangile de la Samaritaine, qui a inspiré toute la vie missionnaire de Christiane. La cérémonie achevée, nous avons accompagné notre sÅ“ur au cimetière de Farcha, où elle repose près de sÅ“ur Francine Latulippe, décédée en 1998. La famille de Christiane avait apporté un peu de terre de son village natal, qui fut mélangée à la terre tchadienne. Christiane avait donné sa vie pour l’Afrique. Que son corps déposé en terre tchadienne soit une pierre de fondation dans l’édification de la paix en ce pays, marqué par l’insécurité et la violence. Une vie n’a de sens que si elle est donnée. Avec Christiane, poursuivons notre route avec le courage que donnent l’espérance et l’audace, fruits de la Foi. La tombe de Christiane à N’Djaména, 2006
HOMELIE DE MONSEIGNEUR MATHIAS N’GARTERI, archevêque de N’Djaména « La femme, alors, laissa là sa cruche, courut à la ville et dit aux gens : venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » ( Jean 4, 28-29) Chers frères et sÅ“urs,cette parole a marqué toute la vie de Christiane, elle a peut-être été à l’origine de sa vocation missionnaire chez les SÅ“urs de Notre Dame des Apôtres.
Jésus va délibérément en terre considérée comme païenne pour évangéliser. La première personne " païenne" est cette femme qui a tout de suite compris que Jésus est un Juif, donc un étranger, presque un ennemi. Il est hors de question qu’elle adresse la parole à Jésus. Celui-ci rompt le silence ; il va faire tomber les barrières : barrières entre Juifs et Samaritains, barrières entre hommes et femmes…Il le fait, parce qu’Il a déjà brisé les barrières entre terre et ciel, dans le Mystère de Noël que nous venons de célébrer. Il se fait l’obligé de la femme et lui dit : " Donne-moi à boire." Ces mots : donne et donner, reviennent neuf fois en quelques lignes dans une perspective de réciprocité, pour signifier que Jésus qui est don du Père, attend la réponse des hommes et des femmes à son appel. C’est de cette réponse qu’Il a soif. Jésus est mendiant d’Amour : "Donne-moi à boire" supplie-t-Il.
Dans la lettre aux Corinthiens que nous venons d’écouter, Paul nous décrit la méthode et le chemin que Jésus s’est imposé : "L’amour prend patience, l’amour rend service ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; l’amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout".
Il a fallu tout cela pour que la Samaritaine découvre que Jésus est le Messie, Il est source d’eau qui donne la vie éternelle.
Celui qui boit de cette eau a la vie de Dieu, Dieu est en lui et il adore Dieu en Esprit et en Vérité."L’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en Esprit et en Vérité". Jésus veut faire comprendre que c’est le don de l’Esprit qui va permettre de connaître et d’adorer Dieu comme Père.
Et c’est à cette femme pécheresse, à cette femme étrangère que Jésus fait la première révélation de sa qualité : " Moi qui te parle, je suis le Messie qui doit venir". Transfigurée par cette révélation, elle oublie son canari devant le puits ; l’eau matérielle ne l’intéresse plus ; elle devient elle-même une source d’eau vive et elle court à la ville et devient évangélisatrice de sa ville.
Cette femme étrangère, païenne, devenue disciple du Christ, ouvrant ainsi l’évangélisation et le salut à toutes les nations de la terre a marqué toute la Congrégation des SÅ“urs N.D.A C’est ainsi qu’en 1947, alors qu’elles étaient missionnaires au Liban, elles ont répondu à l’appel du Christ pour venir au Tchad. Elles sont les premières femmes missionnaires au Tchad.
Cette femme païenne, étrangère, devenue disciple du Christ et missionnaire a bouleversé la vie de SÅ“ur Christiane. Elle décide d’être missionnaire et entre en religion chez les SÅ“urs N.D.A. Elle voit en cette femme le modèle accompli du disciple et de l’apôtre, l’envoyé :
Le long cheminement dans l’accueil de l’autre et de la différence.
La recherche de Dieu dans la vérité et l’ouverture à l’autre ( Jésus)
MESSAGE DE SÅ’UR EILEEN CUMMINS, Supérieure générale de l’Institut, lu à la fin de la célébration des obsèques de SÅ“ur Christiane, le 31 décembre 2004 C’est dans le silence que l’on exprime les sentiments les plus profonds…Et c’est ainsi que nous nous sentons tous et toutes en pareille circonstance…Que pouvons-nous dire en ce moment ? Comment expliquer cette mort soudaine et tragique de notre sÅ“ur Christiane Philippon ? C’était le jour de Noël, quand nous célébrions la paix et la joie de la naissance du Christ…Puis, soudainement au matin du 26 décembre tout cela s’est changé en deuil et en tristesse. En un instant, la naissance du Christ et sa mort se sont unies. Nous sommes tentés de poser la question : POURQUOI…Pourquoi cela est-il arrivé à Christiane qui a choisi de quitter sa famille et sa mère en France pour venir au Tchad, vivre et partager le message évangélique avec ses frères et sÅ“urs à Sarh, parmi les femmes, les fermiers, les communautés de base et dans les activités paroissiales ? Christiane était là où il y avait un besoin, prête à se donner et à offrir ses services aux autres…Et nous continuons à demander POURQUOI ? Qui sait ? Dieu sait …Que la volonté de Dieu soit faite et que Dieu nous donne la grâce et la force d’accepter sa volonté et son dessein dans des circonstances si difficiles. Et maintenant Christiane, au nom des SÅ“urs N.D.A., partout dans le monde, nous te laissons partir vers la maison du Père qui t’a créée, au Fils qui t’a rachetée et à l’Esprit Saint qui t’a sanctifiée. Nous te laissons rejoindre toutes les soeurs N.D.A. qui sont déjà parties vers le Seigneur. Christiane, nous te remercions pour ta vie et tes services donnés depuis que tu es rentrée dans l’Institut N.D.A. il y a environ 32 ans. Nous remercions ta famille de t’avoir donnée si généreusement à la Mission en Afrique, particulièrement au Tchad. Et à ceux qui ont commis ce crime mystérieux et terrifiant le jour de Noël, nous disons les mots de Jésus " Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ". Merci à toutes d’être ici avec nous aujourd’hui pour accompagner notre SÅ“ur à sa dernière demeure. Je voudrais dire un mot très spécial de reconnaissance à Monseigneur Mathias N’Gartéri pour votre appui merveilleux durant cette semaine. Sans vos démarches, il ne serait pas possible au frère de Christiane, à sa sÅ“ur, à SÅ“ur M.C. Charles, la supérieure provinciale de France et à moi-même d’être ici aujourd’hui. Nous n’oublierons jamais votre coopération et votre appui. Merci beaucoup. Ma reconnaissance va aussi au Diocèse de Sarh, à Monseigneur Edmond Djitangar, à la paroisse, à tous les collaborateurs et aux amis qui ont connu et travaillé avec sÅ“ur Christiane. Merci à vous tous et toutes. Du pape Jean Paul II à SÅ“ur Eileen, Supérieure Générale :
CélébrationsA Sarh, le 31 décembre 2004 homélie de Mgr Charles Vandame, Archevêque émérite de N’Djamena (extraits). […] Le Seigneur nous avait comblés en nous donnant SÅ“ur Christiane. Il nous l’a reprise. Ses dons ne sont pas diminués pour autant. Ils sont au contraire augmentés. Et cela de diverses manières : Tout d’abord l’exemple que nous a laissé Sr Christiane reste une lumière pour nous. Elle nous montre la route. La fécondité de sa vie continue. Et puis, comme le disait d’elle-même la petite Thérèse : du haut du ciel, Christiane passera son temps à faire du bien sur la terre en priant pour nous. Dans la foi, nous savons et nous croyons, et nous en sommes sûrs : Dieu nous a comblés en nous donnant Christiane. Il veut nous combler davantage encore en nous la reprenant. Comment ? Nous ne le savons pas mais nous le croyons. Nous n’avons pas à chercher à comprendre le comment, nous comprendrons plus tard. C’est le secret de Dieu. Enracinons-nous dans la foi. Et vous, les jeunes filles qui avanciez avec Christiane, soyez-en sûres : le Seigneur en vous la reprenant veut toujours vous combler. Bien plus et bien mieux que vous pouvez le désirer et même l’imaginer. Et puis n’oublions pas, comme je le disais, que le temps de l’épreuve est inséparablement un temps de grâce. La mort de Christiane nous déstabilise, elle nous désécurise. Elle nous renvoie à notre propre fragilité. Nous nous sentons faibles. Nous constatons que les personnes ou les choses sur lesquelles nous nous appuyons peuvent nous abandonner. Nous voilà sans appui. Nous sommes pauvres et nus. Temps de passage du Seigneur. Temps de dépouillement, de purification. Temps de vérité. Notre seul appui, c’est le Seigneur. Notre seule espérance, c’est le Seigneur. […] Le Seigneur est désormais plus proche que jamais. Abandonnons-nous à Lui dans la foi. […] A Siaugues, en Haute-Loire, le 8 janvier. La maman de Christiane, son frère, ses sÅ“urs, toute la famille, des sÅ“urs NDA et de très nombreux habitants et amis de la région participaient à l’Eucharistie célébrée à sa mémoire. Sr Odile Hermann donne son témoignage J’ai rencontré Christiane pour la première fois en 1969, rue des Aqueducs, où elle vivait, avec d’autres jeunes, son temps du Noviciat. J’ai été frappée par son dynamisme et tout un vécu qu’elle portait en elle et qui lui venait de son expérience avec les jeunes : mouvements de jeunes de son village, de son secteur pastoral dans son pays natal. Elle avait une façon de raconter ce qu’elle avait vécu qui donnait envie de découvrir ce qui la faisait vivre et de savoir ce qui avait motivé son entrée chez les N.D.A. […] En 1970, Christiane est envoyée au Tchad, où je me trouvais depuis un an. Elle fut affectée à N’Djamena, à l’école du Béguinage. J’étais à Chagoua, sept kilomètres plus loin. Plusieurs fois dans la semaine nous avions l’occasion de nous rencontrer. Je repense aux repas pris ensemble, au partage de tous ces temps de prière et de réflexion communautaires, ces soirées de scrabble, les fous-rires, les histoires de toto, les danses au son du tam-tam, les promenades le long du fleuve Chari ! J’ai vécu avec elle, à Feyzin, son premier engagement et j’étais aussi à son engagement perpétuel quelques années plus tard. […] Christiane a toujours été une femme de vérité. En tant que sÅ“ur de N.D. des Apôtres, elle a souvent eu le courage de la parole qui bouscule ou dérange, invite les autres à avancer. Elle aimait être en cohérence avec elle-même et avec sa foi, et en tant que telle, elle ne se payait pas de mots. L’amitié comptait aussi pour elle. Malgré la distance, entre elle en Afrique et moi en France, nos liens sont toujours restés vivants. Christiane avait le souci d’une vraie justice pour tous et elle a toujours soutenu les plus petits, les plus démunis. Elle a en particulier aidé les femmes tchadiennes à se tenir debout et à prendre leurs responsabilités, en vivant avec elles au quotidien et en les encourageant à plus d’autonomie. […] La paroisse de Sainte-Foy lès Lyon le 12 janvier Intervention de sÅ“ur Marie-Claire Charles, provinciale de France " Ce soir, c’est sÅ“ur Christiane PHILIPPON qui nous réunit en cette église de Sainte Foy, pour vivre ensemble ce temps de recueillement et de prière. Au nom de toutes mes sÅ“urs de la province de France, de la province d’Afrique et au nom de notre Supérieure Générale, je vous remercie d’être venus très nombreux partager notre douleur, mais aussi notre espérance. Merci pour les innombrables messages d’amitié, de soutien dans la prière, que vous nous avez adressés. Ils ont été pour nous un très grand réconfort, au moment où nous étions fragilisées par le deuil…[…] Christiane a risqué sa vie jusqu’au bout, au nom de l’Évangile, au nom de l’amour. Frappée en plein cÅ“ur, elle est tombée en terre tchadienne, silencieusement, sans bruit, sans une parole, comme un fruit mûr ou comme un grain de blé appelé à porter de nombreux fruits. " Par où je suis passé, vous passerez aussi" nous dit Jésus. Si nous sommes encore sous le choc, tristes et désemparées, nous savons aussi qu’une vie missionnaire, à la suite du Christ, implique un engagement radical, un don total de sa vie, dans le goutte à goutte quotidien, et qu’elle n’exclut ni la mort violente, ni le martyre, sans pour autant les rechercher. Il s’agit de tenir sa lampe allumée, d’être prêt pour le grand rendez-vous. Christiane était prête en ce matin du 26 décembre. Avec sa communauté et tous les chrétiens de SARH, elle avait célébré dans la pauvreté, mais dans la joie et l’espérance, la venue de Jésus parmi les hommes nous donnant sa vie par amour. Dans la voiture, Christiane et les SÅ“urs qui l’accompagnaient avaient chanté, prié, fait mémoire des fêtes de Noël en famille. Elles étaient joyeuses, Christiane toujours en tête pour la gaieté et la bonne humeur. Que son corps, déposé en terre tchadienne, soit comme une pierre de fondation dans l’édification de la paix en ce pays marqué par l’insécurité. Mais nous le savons, seul l’amour du prochain, fondé sur le pardon peut favoriser la construction de la paix. […] Je crois et je souhaite de tout cÅ“ur que le don que Christiane a fait d’elle-même à l’Afrique et au Tchad soit pour tous, objet de réflexion et de conversion. Qu’il se transforme en fruits de réconciliation nationale, d’unité, de dignité, de respect d’autrui, de solidarité, de justice pour tous…Que sa vie devienne pour le peuple Tchadien un soutien et un modèle face aux défis auxquels ce pays doit faire face en ce moment. Loin de décourager nos sÅ“urs du Tchad et de toute notre Congrégation, cet événement tragique nous confirme dans notre choix de vie auprès des populations pauvres de nos sociétés et particulièrement en Afrique et nous aide à mieux comprendre cette parole de Jésus : " Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ". Oui, nous sommes convaincues qu’une vie n’a de sens que si elle est donnée. L’exemple de Christiane permettra peut-être à des jeunes de s’engager à leur tour pour découvrir toute la beauté d’une vie donnée au service de l’Évangile. Que son sang versé en terre tchadienne, éveille dans leur cÅ“ur le désir de se mettre en route dans l’enthousiasme de leur jeunesse et avec générosité. […] Avec le frère et la sÅ“ur de Christiane représentant la famille aux funérailles de N’Djamena et sur les conseils de l’Ambassadeur de France, nous avons écrit au Président de la République tchadienne, que nous n’avions pas l’intention de déposer une plainte, tout en souhaitant que la justice suive son cours et fasse toute la lumière sur cet événement tragique. Nous lui avons exprimé notre opposition formelle à la peine de mort pour les coupables, selon la loi en vigueur au Tchad – ceci au nom de notre foi en Dieu et par respect pour Christiane, apôtre, elle aussi de la non-violence évangélique. Et maintenant, Christiane, en cette Eucharistie célébrée en ta mémoire, nous voulons te dire" merci." Merci pour l’exemple de ta vie, pour ton chemin de fidélité et d’amour avec le Seigneur. Merci de mettre en lumière ce que veut dire " risquer sa vie pour Dieu" et" vivre pour un Autre". Il semble que tu avais encore tant à donner, tant à recevoir aussi des femmes et des jeunes filles auprès de qui tu travaillais. Mais Dieu, nous en avons la ferme confiance, veillera sur ce grain que tu as semé avec tant de persévérance. Toi, tu as vécu ta Pâque, mais tu restes vivante dans nos cÅ“urs. Maintenant, tu vois Dieu face à face. Obtiens pour nous la grâce de ne jamais baisser les bras devant l’adversité et de chercher toujours à vaincre le mal par le bien. Aide-nous à poursuivre notre route avec le courage et l’audace que donnent l’espérance et la foi, avec Marie, Mère de Jésus, Notre- Dame des Apôtres." Au Carmel de Vals-près-le-Puy, le 5 février, où réside la sÅ“ur carmélite de Christiane. Anniversaire de la mort de ChristianeCélébration du 19 novembre 2005 à Saint Arcons, village d’enfance de Sr Christiane. Prière universelle, composée par la famille de Christiane
Le Seigneur déclare : je veillerai sur le troupeau, je soignerai celle qui souffre. Prions pour ceux qui vivent dans la pauvreté et l’exclusion, pour ceux qui ont perdu l’espérance et la joie de vivre, afin qu’ils trouvent des personnes qui les accueillent et les soutiennent dans leurs épreuves.
TémoignagesDe nombreux témoignages nous sont parvenus. Tous évoquent sa joie missionnaire, son amour du Tchad, sa disponibilité à tous, sa proximité avec « les plus petits ». Tous disent la joie d’avoir rencontré Christiane. Père Joseph HUET – Jésuite
Père Franco MARTELLOZZO – Mongo-Tchad
La communauté NDA de Sarh
Krata Koulngar Eugénie, SARH, sœur de Sr Léa Koulngar, NDA
Katherine et Arnaud SOURTY couple engagé à la Fraternité Laïque Missionnaire de Chaponost _ " Christiane, nous la connaissions peu et pourtant nous l’avions choisie pour être notre témoin de mariage. C’était il y a 20 ans. Car pour nous elle a été d’emblée un TEMOIN, Témoin de l’Amour de Dieu et surtout Témoin de la Joie de Dieu. Quand nous l’avons connue, elle était en France pour l’Animation Missionnaire. Quelle animation ! Elle ponctuait toujours nos discussions de son rire. Un rire franc et contagieux, jamais moqueur. Avec cette joie qui la caractérisait, elle nous a transmis le virus de la Mission, donné cet élan qui nous pousse vers l’autre, l’étranger. Toute la richesse qu’elle avait reçue des Tchadiens, elle a su nous la faire découvrir. Christiane était une femme rare, vraie, humaine, proche des petits, absolument à l’aise dans ses sandales de missionnaire, croyant à fond en ce Dieu de miséricorde qui élève les humbles. Christiane fait partie des témoins que Dieu a mis sur notre route." |